Page:Vidalenc - William Morris.djvu/24

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point me causerait une grande peine. J’ai tant de soucis, tant d’espérances et de craintes que je n’ai pas le temps d’être vraiment pauvre, surtout cela détruirait ma liberté de travail qui m’est une si chère joie. » Aussi son art, comme ses idées, a quelque chose de serein, d’apaisé que l’on rencontre rarement chez les précurseurs parce qu’ils eurent beaucoup à lutter et que l’âpreté de la bataille reparaît dans leurs œuvres.

Il était le troisième enfant et l’aîné des fils de l’agent de change et d’Emma Shelton. Quand il naquit, ses parents, suivant l’usage de la bourgeoisie anglaise, avaient déjà abandonné le séjour de Londres pour la résidence plus agréable de Walthamstow à un kilomètre environ de la forêt d’Epping.

Disons-le tout de suite, le jeune William ne fut pas un enfant prodige. Nous n’aurons donc pas à nous répandre en épithètes laudatives sur ses étonnantes dispositions. Il ne fut guère remarquable que par son grand amour de la lecture. À sept ans il avait déjà lu une bonne partie des « Waverley Novels » et toute sa vie il devait admirer Walter Scott chez lequel il puisa cette conception d’un moyen âge héroïque et courtois, épris de beaux dits d’amour et de faits d’armes, qu’il devait célébrer plus tard dans ses poèmes.

En 1840 la famille Morris quitta Walthamstow pour aller s’établir non loin de là, à Woodford Hall, dans une demeure spacieuse, agrémentée d’un grand parc, qui s’ouvrait sur la forêt d’Epping. Comme le jeune William était de santé délicate, on ne lui infligea pas trop tôt un