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précepteur et des leçons régulières ; on le laissa libre d’aller et de venir, de rêver ou de vagabonder à son aise dans la forêt. Elle lui fut une amie, il ne tarda pas à en connaître tous les sites, tous les chemins, il essayait d’y surprendre les troupeaux de daims qui y vivent. En retour elle l’initia à la beauté. Inconsciemment sans doute, mais sûrement, il commença à sentir le charme profond de la nature, et toute son œuvre de poète et d’artiste devait en être pénétrée. Sans comprendre toute la mystérieuse beauté de la forêt il apprit à l’aimer. Elle fut son premier maître, un magister point pédant, sans rien de rébarbatif ni d’austère, dont les leçons s’égayaient de chants d’oiseaux, de soleil et de parfums sous les arbres, et qui lui apprit à regarder de près et avec sympathie les bêtes et les plantes. C’est peut-être à cette habitude d’observation précise, contractée dès l’enfance que nous devons la frappante vérité de ses décorations florales.

La vie à Woodford Hall était simple, exempte d’événements ; peu de relations avec l’extérieur, ce qui était assez fréquent dans les familles bourgeoises d’alors. Il est vraisemblable que les grandes crises politiques et sociales ne causèrent pas grand trouble dans le paisible logis et n’y furent pas étudiées de près.

De 1843 à 1847, William Morris fut envoyé dans une école préparatoire pour jeunes gentlemen où il fit des études quelconques avec une application médiocre. En 1847 son père mourut, mais la fortune qu’il laissait était considérable et rien ne fut changé dans l’existence de la famille. À treize ans, l’enfant restait donc soumis uni-