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s’enthousiasma pour les cathédrales qu’il admirait avec la fervente adoration d’un artiste, et étudiait avec la scrupuleuse patience d’un archéologue : Amiens, Beauvais, Paris, Chartres, Rouen.

Il commença aussi à écrire. Durant l’hiver de 1854 il lut un jour à son petit cercle d’amis un poème qu’il venait de composer. Ce fut un débordement d’admiration, les auditeurs trépignaient d’enthousiasme. « C’est un grand poète », déclara Burne-Jones, et les autres renchérirent. À quoi Morris répliqua modestement et le plus tranquillement du monde : « Eh bien ! si c’est cela la poésie, c’est très facile ! » Il avait une facilité prodigieuse pour écrire, depuis lors il ne se passa guère de semaine où il n’eût à lire à son auditoire charmé quelque poème de sa composition. Tous n’ont pas été conservés, mais nous en connaissons un certain nombre qui furent publiés plus tard ; l’inspiration n’en est pas toujours très personnelle, ni la facture. Comme tous les jeunes gens de sa génération, Morris admirait fort Tennyson, et il n’a pas su se libérer de toute imitation, mais certains de ses poèmes sont déjà d’un sentiment très original et très délicat.

Notre but n’est pas d’étudier ici Morris comme poète. Son œuvre littéraire ne nous arrêtera que dans la mesure où elle nous permettra de mieux comprendre son œuvre artistique, et nous ne signalons ses premiers poèmes que pour montrer comment s’est formée sa personnalité. Il produisait beaucoup, et toute sa vie demeura fidèle à ce principe qu’au lieu de passer son temps à corriger un