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devait mener pendant longtemps avant que la critique et le public lui accordassent la place qu’il méritait.

Morris aurait très volontiers suivi cet exemple, car il avait en médiocre estime les diplômes universitaires, mais pour ne point chagriner sa mère il resta à l’Université jusqu’à ce qu’il fût devenu « Bachelor of Arts ». Il quitta alors Exeter Collège pour entrer comme élève dans les bureaux de l’architecte Street à Oxford. Ce ne fut pas sans quelque difficulté qu’il put agir ainsi. La vieille Mme Morris avait sur l’art les idées de la bourgeoisie d’alors, il lui semblait que les artistes vivaient nécessairement dans la débauche, pour mourir dans la misère et la honte. Elle avait rêvé tout autre chose pour son fils et il lui était dur de le voir renoncer à la cléricature pour se faire architecte. Mais Morris ne se laissa pas détourner du but qu’il avait choisi.

Le choix de son premier patron avait été heureux. Street était un véritable artiste, et comme son maître G. Scott, il était devenu un des champions de l’architecture gothique en Angleterre. C’était un érudit, on lui doit un ouvrage sur l’architecture gothique en Espagne (publié en 1865) et il fut chargé de la rédaction de l’article « Gothique » dans l’Encyclopedia Britannica. En outre il ne manquait ni d’originalité, ni de talent. De 1866 à 1881 il construisit les « Law-Courts » à Londres, et malgré tout ce qu’on a pu dire c’est une tentative honorable et à bien des égards intéressante. Morris put donc chez lui étudier de très près l’art gothique dans tous ses détails et se familiariser avec la technique de la construction.