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Tout en travaillant à son nouveau métier en homme qui sait qu’il a beaucoup à apprendre et qui veut réussir, il dépensait son activité débordante en une foule d’autres occupations qui n’étaient pour lui que des délassements : modelage, sculpture sur bois ou sur pierre, enluminure, et par son exemple il protestait contre la séparation que beaucoup continuaient à juger intangible entre le « grand art » et les arts dédaigneusement qualifiés de « mineurs ». Il condamnait le mépris dans lequel on tenait trop souvent les travaux manuels, et il n’eut pas de peine à convaincre un autre élève de Street : Philippe Webb, qui devait être plus tard l’un de ses plus dévoués collaborateurs.

Burne-Jones s’étant établi à Chelsea, Morris l’y allait voir chaque semaine. Ils allaient ensemble au théâtre ou visiter quelque exposition ; puis, chaque dimanche, dans le petit atelier de Burne-Jones ils reprenaient leurs bonnes causeries d’autrefois. Tous deux avaient conservé leur fraîcheur d’esprit et l’ardeur d’apprendre qui les caractérisaient à Oxford. Rossetti assistait parfois à ces entretiens et son extraordinaire puissance de séduction s’exerçait sur Morris comme elle s’était exercée sur Burne-Jones, il reconnaissait en lui des dons remarquables et l’engageait à abandonner l’architecture pour la peinture.

Morris fut vite convaincu. En 1856 il écrivait à un de ses amis : « Rossetti dit que je devrais peindre, il prétend que j’en serais capable, et comme c’est un grand homme et qu’il parle avec autorité, il faut que