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accoutumée, qui était toujours le premier et le dernier à la besogne, fut le seul qui termina son panneau. Après quoi, comme il n’aimait pas à rester inactif, il entreprit la décoration florale du plafond. En une seule journée il dessina un motif ornemental et en commença l’exécution aidé par son ami Faulkner. Il étonna tout le monde et lui-même par sa merveilleuse réussite. Le plafond était certainement, et de beaucoup, l’œuvre la plus originale et la plus belle, encore que la décoration murale ne fût pas négligeable. Il nous est difficile aujourd’hui de juger de la valeur de l’œuvre détruite. Longtemps après, parlant de son propre panneau de « Tristan », Morris reconnaissait qu’il était en somme assez médiocre et qu’il ne pouvait regretter que le temps l’ait effacé. Cependant les contemporains se montrèrent moins sévères, le poète Coventry Patmore jugeait « que les murs étaient comparables à la marge d’un manuscrit enluminé ».

Quoi qu’il en soit, Morris put comprendre qu’il venait de découvrir sa véritable voie et que sa vocation était d’être artiste décorateur. Ce séjour à Oxford devait aussi avoir une importance considérable dans sa vie intime. Il y avait rencontré la jeune fille qu’il devait plus tard épouser, Miss Jane Burden, et les deux jeunes gens s’étaient fiancés vers la fin de 1858. Le pinceau de Rossetti devait immortaliser la beauté délicate et pure de Mrs. Morris, mélange exquis de sensualité grave et d’ingénuité. À maintes reprises il donnera ses traits aux figures les plus gracieuses et les plus poétiques de ses toiles. Figures exquises dont le cou long et flexible, les