Page:Vidalenc - William Morris.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nellement des sommes considérables, au point de compromettre sa fortune. Aussi peut-on dire que la maison de décoration fut vraiment son œuvre ; quelque intéressante que soit la part de ses collaborateurs, celle de Morris demeure de beaucoup la plus importante.

Les travaux fournis par chaque associé devaient lui être payés comme s’ils avaient été commandés au dehors, mais les bénéfices devaient être partagés également entre tous sans distinction d’apport ou de travail. Clause étrange qui ne s’explique que par l’étroite amitié qui unissait alors tous ces enthousiastes ; ils avaient conscience de travailler en commun à une belle œuvre et ils apportaient dans leur association un peu de cette fraternité mystique dont Morris et Burne-Jones avaient rêvé quand, à Oxford, ils voulaient constituer un groupement semblable aux monastères bénédictins du moyen âge. Il leur semblait que rien de grand ne pourrait être réalisé si l’on ne rejetait pas au second plan les considérations financières. L’expérience montra d’ailleurs qu’ils avaient été plus enthousiastes que prudents, et l’unique crise intérieure de la société (crise dans laquelle elle faillit sombrer), provient précisément de cette clause.

Le but poursuivi était de lutter contre la laideur envahissante ; les novateurs entendaient prouver par leur exemple que l’on pouvait obtenir de belles choses pour le prix dont on paye généralement les laides et « produire de véritable bon goût à un prix qui soit, autant que possible, celui des mobiliers ordinaires ».

Un prospectus, rédigé en commun, fut publié pour