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à son réveil. Éclats de rire des assistants, et la victime ne tarda pas à rire plus fort que les autres.

Les années passées à Upton furent des années heureuses qui contribuèrent à donner à l’œuvre de Morris ce caractère de vie saine et joyeuse qui en fait le charme. Son art est l’expression de sa belle santé physique et morale, ce n’est pas un art mièvre et raffiné, expression d’une civilisation trop avancée, ni une création douloureuse rappelant la peine infinie des hommes, c’est une production vigoureuse, née dans la joie et exprimant, selon la formule de Morris lui-même, le bonheur de vivre.

Mais cette vie à Upton était fort coûteuse; la décoration de la maison absorbait des sommes considérables, de plus Morris y donnait une hospitalité fastueuse, et l’économie n’était pas une de ses vertus. Deux enfants : Jane et May nées en 1861 et 1862 vinrent encore accroître les dépenses. Sans doute l’effort des jeunes novateurs commençait à être connu et apprécié, mais ils en étaient encore à la phase difficile des tâtonnements, et la société nécessitait de fréquents appels de fonds. Quelques amateurs suivaient la tentative avec curiosité, sympathie même, mais peu étaient assez audacieux pour risquer des commandes. Aussi la fortune de Morris fut-elle sérieusement compromise.

En 1862 cependant la société avait fait quelques envois à l’Exposition internationale de Londres. Ces envois furent remarqués, et les associés, malgré l’hostilité manifeste d’une partie du jury, obtinrent une médaille