Page:Vidalenc - William Morris.djvu/73

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traditions d’ateliers ou les directions des chanoines, que l’œuvre d’art était essentiellement l’illustration des dogmes ou l’évocation des pieuses légendes, et visait surtout à l’édification des fidèles, l’iconographie de Burne-Jones est infiniment plus souple. Sans doute il représente les mêmes thèmes, les mêmes épisodes de la vie de Jésus ou des saints : l’Annonciation, la Nativité, l’Adoration des Mages, la Crucifixion, le Jugement dernier; sans doute il les aborde avec les mêmes sentiments de respect ou d’amour pieux qu’avaient les artistes d’autrefois, mais l’inspiration est malgré tout différente. On sent qu’il y a tout un monde de pensées nouvelles entre le pieux et naïf imagier du moyen âge et le peintre du XIXe siècle déjà éloigné de toute confession religieuse précise. On a pu dire de Burne-Jones qu’il était un des rares peintres vraiment religieux de l’époque contemporaine, mais encore faudrait-il préciser la nature de son sentiment religieux, plus épris de symboles et de légendes que de croyances, et plus intéressé par l’âme humaine, ses passions et ses faiblesses que par les dogmes et les discussions théologiques. Il mêle la pensée moderne à la pensée médiévale et ses figures de saints ou de saintes, ses madones surtout expriment des sentiments plus complexes que ceux des personnages de Memling, de Filippo Lippi ou de Fra Angelico. (Planches II et III.)

Quoi qu’il en soit, les vitraux demeureront un des principaux titres de gloire des ateliers de Morris ; ceux des églises de Torquay et de Cromer, de la cathédrale d’Oxford, de la petite église de Rottingdean ou de Saint-