Page:Vidalenc - William Morris.djvu/81

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monie. Il faut, disait-il, qu’il y ait quelque mystère dans l’arrangement des lignes; quoique bien équilibrée il ne faut pas que la composition livre tout de suite son secret, mais elle doit attirer et retenir l’attention sans inquiéter l’esprit par une impression de surcharge. Toute œuvre, quelque modeste qu’elle soit, doit exprimer quelque chose et c’est pourquoi elle doit avoir des lignes essentielles, mais on ne doit pas les rendre trop évidentes pour laisser à l’observateur la joie de les découvrir. Tantôt le motif ornemental se détache nettement sur un fond de couleur qui donne la teinte dominante du papier (Soleil); tantôt sur un décor de tonalité discrète apparaît un second motif plus éclatant et plus vigoureux que le premier : c’est le cas du modèle « Norwich » où sur un fond pointillé se détachent des pivoines et des roses, du modèle « Pomme » où le fond est constitué par des feuilles de saule. Parfois aussi le décor est si riche qu’il ne laisse pas la moindre place à une tonalité de fond comme par exemple dans le motif « Chèvrefeuille ».

Le coloris n’était pas moins soigné que le dessin; toute l’impression était faite à la main, car sans avoir pour les machines l’aversion systématique de Ruskin, Morris se défiait de leur perfection monotone et sans vie; les couleurs étaient choisies avec réflexion et préparées avec précaution. D’un même dessin Morris savait tirer des effets très différents en changeant simplement l’arrangement des couleurs, par exemple en utilisant d’abord un ornement noir sur un fond rouge, puis un ornement rouge sur un fond vert, puis un ornement bleu ou jaune, etc…