Page:Vidalenc - William Morris.djvu/89

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mélangeait les couleurs. Servi d’ailleurs par une remarquable intuition et un merveilleux doigté, il obtenait des résultats surprenants.

C’est en 1881 qu’il put préparer lui-même ses couleurs. Certain d’avoir désormais à sa disposition des teintes durables il songea à augmenter les productions de ses ateliers en abordant les impressions sur étoffes. Il put ainsi obtenir à un prix relativement modéré des étoffes de fantaisie et de tenture qui devinrent vite populaires sous le nom de « chintzes ». Ce n’était pas la matière première qui faisait la valeur de l’œuvre, mais la beauté du dessin et la richesse du coloris, car on pouvait imprimer sur des cretonnes ou des toiles ordinaires, voire même sur de grossiers tissus de jute. Comme les papiers peints, les chintzes étaient donc accessibles aux fortunes modestes, les prix en restaient encore assez élevés en raison du soin apporté à leur impression et de la difficulté d’obtenir des couleurs pures, mais on pouvait espérer que ces prix diminueraient par la suite.

A maintes reprises d’ailleurs Morris s’est élevé contre la conception, la superstition pourrait-on dire, du bon marché systématiquement poursuivi et qui non moins que le luxe excessif lui semblait dangereux pour l’art. Certes il est possible de baisser les prix de certains objets, mais il y a un minimum raisonnable au-dessous duquel on ne doit pas descendre sous peine de n’avoir plus que des matériaux de rebut ou de n’accorder qu’un salaire insuffisant aux artisans.

Un rapide examen des procédés en usage à Merton