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l’art décoratif contemporain. Avec la vogue étaient venus les imitateurs, les contrefacteurs même, signe évident de la faveur qui accueillait les productions des ateliers de Morris. Un retour à la simplicité dans les formes générales, à la nature pour le choix des ornements s’affirmait dans l’art décoratif, semblable à la transformation qui s’était opérée dans la peinture après l’exemple des préraphaélites.

C’est alors, aux environs de 1881, que Morris put songer à réaliser un autre de ses projets favoris : ressusciter l’art des tapisseries à personnages. Il avait pour cet art une véritable prédilection et pendant de longues années il devait y consacrer la plus grande partie de son temps et le meilleur de ses efforts. Alors qu’on aurait pu le croire entièrement absorbé par ses travaux littéraires ou sa propagande socialiste, il n’était pas rare de le trouver assis dès l’aube devant son métier à tisser.

Ses premiers travaux de tissage et ses recherches sur les teintures lui avaient permis d’étudier à fond la technique du métier et lui avaient fourni les matériaux indispensables. Dès 1870, il s’était fait construire un métier de haute lisse semblable à ceux qu’on employait dans les ateliers d’Arras au XIXe siècle, l’âge d’or de la tapisserie; il avait compulsé d’anciens traités, les statuts des corporations et étudié de près un grand nombre de vieilles tapisseries. Souvent déjà, dans ses écrits, ses conférences, ses conversations, il avait déploré la décadence, la presque disparition de cette forme d’art, la première