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de toutes pourtant, puisque c’est celle qui nécessite le plus grand sens artistique chez l’artisan; à maintes reprises aussi il avait exprimé le vœu de la voir renaître avec toute la splendeur qu’elle avait aux XIVe et XVe siècles.

Le succès était très problématique, car tout était à créer et on pouvait craindre que les amateurs, comme le grand public, ne s’intéressassent que médiocrement à la tentative. En fait on ne tissait plus de tapisseries à personnages en Angleterre; les ateliers de Mortlake jadis fameux ne produisaient plus. À l’étranger les ateliers les plus réputés, comme ceux des Gobelins et de Beauvais en France, se maintenaient encore mais ils semblaient avoir perdu la vraie tradition. Malgré une habileté manuelle incontestable et un certain sens artistique, leurs ouvriers ne produisaient plus que des œuvres insignifiantes, faute de bien comprendre que la tapisserie a des lois esthétiques spéciales et ne doit pas être considérée comme une sorte d’art auxiliaire de la peinture.

Morris voulut recommencer sur ce point l’éducation du public. La première tapisserie à personnages produite dans ses ateliers fut tissée en 1881, d’après un carton de Walter Crane : La fille aux Oies. D’autres devaient suivre, qui sont parmi les plus remarquables productions de William Morris. Des ensembles décoratifs comme La Queste du Graal à Stanmore Hall, Les Anges du collège d’Eton, L’Etoile de Bethléem à Exeter Collège d’Oxford peuvent supporter la comparaison avec les merveilleuses tapisseries que conservent les cathédrales de Tournai,