Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/111

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blables excursions dans diverses fermes, et chaque soir je touchais deux ou trois couronnes. Christian, qu’on n’appelait que Caron, était fort connu dans cette partie du Brabant ; mais seulement comme médecin : car, bien qu’il continuât partout ses opérations de change, on n’entamait jamais la conversation qu’en parlant de maladies d’hommes ou d’animaux. J’entrevoyais de plus qu’il avait la réputation de lever les sorts jetés sur les bestiaux. Une proposition qu’il me fit au moment d’entrer dans le village de Wervique eût dû m’initier aux secrets de sa magie. « Puis-je compter sur toi ? me dit-il, en s’arrêtant tout à coup. — Sans doute, lui-dis-je ;… mais encore faudrait-il savoir de quoi il s’agit ?... — Écoute et regarde… »

Il prit alors, dans une espèce de gibecière, quatre paquets carrés, comme en disposent les pharmaciens, et paraissant contenir quelque spécifique ; puis il me dit : « Tu vois ces quatre fermes, situées à quelque distance l’une de l’autre ? Tu vas t’y introduire par les derrières, en ayant soin que personne ne t’aperçoive ;… tu gagneras l’étable ou l’écurie, et tu jetteras dans la mangeoire la