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Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/112

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poudre de chaque paquet… Surtout, prends bien garde qu’on ne te voie… Je me charge du reste. » Je fis des objections : on pouvait me surprendre au moment où j’escaladerais la clôture, m’arrêter, me faire des questions fort embarrassantes. Je refusai net, malgré la perspective des couronnes ; toute l’éloquence de Christian échoua contre ma résolution. Je lui dis même que je le quittais à l’instant, à moins qu’il ne m’apprît son état réel, et le mystère de ce change d’argent, qui me paraissait furieusement suspect. Cette déclaration parut l’embarrasser, et, comme on le verra bientôt, il songea à se tirer d’affaire, en me faisant une demi-confidence.

« Mon pays, dit-il, répondant à ma dernière question… je n’en ai point… Ma mère, qui fut pendue l’année dernière à Témeswar, faisait partie d’une bande de Bohémiens qui couraient les frontières de la Hongrie, et du Bannat, lorsque je vins au monde, dans un village des monts Carpathes… Je dis Bohémiens, pour te faire comprendre, car ce nom n’est pas le nôtre ; entre nous, on s’appelle des Romanichels, dans un argot qu’il nous est défendu d’ap-