Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/182

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il ne m’était jamais venu dans la tête de m’associer avec un pareil scélérat ; j’évitai toutefois d’entrer dans aucune explication. Le soir nous nous trouvions près d’un village de la route de Cambrai ; nous n’avions rien pris depuis le déjeuner des prisonniers, et la faim devenait importune ; il s’agissait d’aller chercher des aliments au village. L’aspect de mes compagnons demi-nus pouvant éveiller les soupçons, il fut convenu que j’irais à la provision. Je me présente donc dans une auberge, d’où, après avoir pris du pain et de l’eau-de-vie, je sors par une autre porte que celle par où j’étais entré, me dirigeant ainsi vers le point opposé à celui où j’avais laissé les deux hommes dont il m’importait tant de me débarrasser. Je marche toute la nuit et ne m’arrête qu’au point du jour, pour dormir quelques heures dans une meule de foin.

Quatre jours après, j’étais à Compiégne, me dirigeant toujours vers Paris, où j’espérais trouver des moyens d’existence, en attendant que ma mère me fît parvenir quelques secours. À Louvres, rencontrant un détachement de hussards noirs, je demandai au maréchal des logis s’il ne serait pas possible de prendre du service ; il me répondit qu’on n’engageait pas ; le lieute-