Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/184

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mes avances, mais d’un air gêné qui me semble de mauvais augure. Sur ces entrefaites vient à passer un hussard de mon escadron, qui me voyant avec ce gendarme, s’approche et me dit : « Eh bien ! Lannoy, est-ce que tu te fais des affaires avec les chapeaux bordés ? — Lannoy ? dit le gendarme avec étonnement. — Oui, c’est un nom de guerre. — C’est ce que nous allons voir », reprend-il en me saisissant au collet. Il faut alors le suivre en prison. On constate mon identité avec le signalement déposé à la brigade, et l’on me dirige aussitôt sur Douai, par correspondance extraordinaire.

Ce dernier coup m’abattit complètement : les nouvelles qui m’attendaient à Douai n’étaient guère propres à me relever : j’appris que Grouard, Herbaux, Stofflet et Boitel, avaient décidé par la voie du sort, qu’un seul d’entre eux prendrait sur lui l’exécution du faux, mais comme ce faux ne pouvait avoir été l’ouvrage d’une seule personne, ils avaient imaginé de m’accuser, me punissant ainsi de ce que je les avais un peu chargés dans mes derniers interrogatoires ; j’appris de plus que le détenu qui pouvait déposer à ma décharge était mort. Si quelque chose eût pu me consoler, c’était de m’être séparé à temps de Desfosseux