Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faute, ne fût pas encore initié aux mœurs et aux usages des prisons, en un clin d’œil il était dépouillé de ses habits, que l’on vendait en sa présence au plus offrant et dernier enchérisseur. Avait-il des bijoux, de l’argent, on les confisquait également au profit de la société, et comme il eût été trop long de détacher les boucles d’oreilles, on les arrachait, sans que le patient osât se plaindre. Il était averti d’avance que s’il parlait, on le pendrait pendant la nuit aux barreaux des cabanons, sauf à dire ensuite qu’il s’était suicidé. Par précaution, un détenu, en se couchant, plaçait-il ses hardes sous sa tête, on attendait qu’il fût dans son premier sommeil ; alors on lui attachait au pied un pavé que l’on posait sur le bord du lit de camp ; au moindre mouvement le pavé tombait : éveillé par cette brusque secousse, le dormeur se mettait sur son séant, et avant qu’il se fût rendu compte de ce qu’il venait d’éprouver, son paquet, hissé au moyen d’une corde, parvenait, à travers les grilles, à l’étage supérieur. J’ai vu au cœur de l’hiver des pauvres diables, après avoir été dévalisés de la sorte, rester en chemise sur le préau jusqu’à ce qu’on leur eût jeté quelques haillons pour couvrir leur nudité. Tant qu’ils séjournaient à Bicê-