Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/23

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à me promener, préoccupé de cette idée, je fus accosté par un individu dont l’abord bienveillant me fit croire que ma chimère allait se réaliser. Les premières paroles qu’il m’adressa furent des questions : il avait compris que j’étais étranger ; il m’apprit qu’il était courtier de navires, et quand je lui eus fait connaître le but de mon séjour à Ostende, il me fit des offres de service. « Votre physionomie me plaît, me dit-il ; j’aime les figures ouvertes ; il y a dans vos traits un air de franchise et de jovialité que j’estime : tenez, je veux vous le prouver, en vous faisant obtenir votre passage presque pour rien. » Je lui en témoignai ma reconnaissance. « Point de remerciement, mon ami ; quand votre affaire sera faite, à la bonne heure ; ce sera bientôt, j’espère ; en attendant, vous devez vous ennuyer ici ? » Je répondis qu’en effet je ne m’amusais pas beaucoup. « Si vous voulez venir avec moi à Blakemberg, nous y souperons ensemble chez de braves gens qui sont fous des Français. Le courtier me fit tant de politesses, il me conviait de si bonne grâce qu’il y aurait eu de la malhonnêteté à me faire prier ; j’acceptai donc : il me conduisit dans une maison où des dames fort aimables nous accueillirent avec tout