Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/265

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tenions la pitance, nous la partagions à tâtons entre nous. »

« On nous garda dans cette situation pendant quarante mortels jours, c’est-à-dire jusqu’à ce que le bâtiment fût arrivé au Cap de Bonne-Espérance, où il devait relâcher. Le capitaine se rendit chez le gouverneur pour lui annoncer qu’il avait à son bord des condamnés évadés, et lui demanda s’il ne pourrait pas les débarquer et les écrouer dans la prison commune ; mais celui-ci répondit qu’il n’avait que faire des gens de cette espèce, et qu’il ne voulait pas qu’on les débarquât. Toutefois, le capitaine se consola bientôt de cette contrariété, en apprenant qu’il y avait dans le port un bâtiment irlandais, chargé de condamnés pour Botany-Bey ; il s’aboucha avec le capitaine de ce bâtiment, et le détermina sans peine à emmener avec lui mes pauvres camarades. En conséquence, on vint les retirer du cachot, et depuis je ne les ai revus ni les uns ni les autres. »

Les obstacles que j’ai signalés sont tellement graves, que je ne parlerai pas de l’événement d’une guerre maritime venant compliquer encore la situation, en interceptant toute relation