et tout transport. Dans l’intérêt de la science, on a vu des puissances belligérantes livrer passage à des naturalistes, à des mathématiciens, mais il est permis de douter que, dans l’intérêt de la morale, on accordât la même faveur à des forçats, qui pourraient, après tout, n’être que des soldats travestis.
Admettons cependant, pour un instant, qu’on ait levé tous les obstacles, que la déportation soit possible : sera-t-elle indistinctement perpétuelle pour tous les condamnés ? ou suivra-t-on dans son application la gradation observée pour la durée des travaux forcés ? Dans la première hypothèse, vous détruisez toute proportion entre les peines et les délits, puisque l’homme qui, d’après le Code, n’aurait encouru que les travaux à temps, ne reverra pas plus son pays que celui qu’aurait atteint une condamnation à perpétuité. En Angleterre, où le minimum de la durée de la déportation (sept ans) s’applique pour un vol de vingt-quatre sous comme pour violences graves exercées contre un magistrat, cette disproportion existe, mais elle pallie souvent encore les rigueurs d’une législation qui punit de mort des délits passibles chez nous d’une simple réclusion. Aussi, dans les