Aller au contenu

Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


« Je ne te parlerai pas des circonstances de ma vie qui ont précédé notre connaissance ; il te suffira de savoir qu’aussi brave et aussi intelligent qu’un autre, poussé de plus par d’assez puissants protecteurs, je me trouvais, à trente-quatre ans, capitaine de chasseurs, quand je te rencontrai à Lille, au Café de la Montagne. Là, je me liai avec un individu dont les formes honnêtes me prévinrent en sa faveur ; insensiblement ces relations devinrent plus intimes, si bien que je fus reçu dans son intérieur. Il y avait beaucoup d’aisance dans la maison ; on y était pour moi aux petits soins ; et si M. Lemaire était bon convive, Mme Lemaire était charmante. Bijoutier, voyageant avec les objets de son commerce, il faisait de fréquentes absences de six ou huit jours ; je n’en voyais pas moins son épouse, et tu devines déjà que je fus bientôt son amant. Lemaire ne s’aperçut de rien, ou ferma les yeux. Ce qu’il y a de certain, c’est que je menais la vie la plus agréable, quand, un matin, je trouvai Joséphine en pleurs. Son mari venait, me dit-elle, d’être arrêté, à Courtrai, avec son commis, pour avoir vendu des objets non contrôlés, et comme il était