Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/314

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probable qu’on viendrait visiter son domicile, il fallait tout enlever au plus vite. Les effets les plus précieux furent en effet emballés dans une malle, et transportés à mon logement. Alors Joséphine me pria de me rendre à Courtrai, où l’influence de mon grade pourrait être utile à son mari. Je n’hésitai pas un instant. J’étais si vivement épris de cette femme, qu’il semblait que j’eusse renoncé à l’usage de mes facultés pour ne penser que ce qu’elle pensait, ne vouloir que ce qu’elle voulait.

» La permission du colonel obtenue, j’envoyai chercher des chevaux, une chaise de poste, et je partis avec l’exprès qui avait apporté la nouvelle de l’arrestation de Lemaire. La figure de cet homme ne me revenait pas du tout ; ce qui m’avait d’abord indisposé contre lui, c’était de l’entendre tutoyer Joséphine, et la traiter avec beaucoup d’abandon. À peine monté dans la voiture, il s’installa dans un coin, s’y mit à son aise, et dormit jusqu’à Menin, où je fis arrêter pour prendre quelque chose. Paraissant s’éveiller en sursaut, il me dit familièrement : – Capitaine, je ne voudrais pas descendre… Faites-moi apporter