Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/338

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il me parla des charges élevées contre moi ; j’opposai des dénégations complètes. Les plaignants se turent, mais ils redoublèrent de surveillance ; et une nuit que, poussé par un zèle classique, j’allais donner leçon dans un grenier à foin, à une écolière de seize ans, je fus saisi par quatre garçons brasseurs, conduit dans une houblonnière, dépouillé de tous mes vêtements, et fustigé jusqu’au sang avec des verges d’orties et de chardons. La douleur fut si vive, que j’en perdis connaissance ; en reprenant mes sens, je me trouvai dans la rue, nu, couvert d’ampoules et de sang.

Que faire ? Rentrer chez le père Lambert, c’était vouloir courir de nouveaux dangers. La nuit n’était pas avancée. Bien que dévoré par une fièvre brûlante, je pris le parti de me rendre à Mareuil, chez un de mes oncles ; j’y arrivai à deux heures du matin, excédé de fatigue, et couvert seulement d’une mauvaise natte que j’avais trouvée près d’une mare. Après avoir un peu ri de ma mésaventure, on me frotta par tout le corps avec de la crème mêlée d’huile. Au bout de huit jours, je partis bien rétabli pour Arras. Il m’était cependant impossible d’y rester ; la police pouvait être instruite