Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/348

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cercle de la défense légitime, en cherchant à nous soustraire à un guet-apens, on nous promit de solliciter notre grâce à l’amiral, à condition que nous retiendrions nos camarades dans la subordination, qui ne paraissait pas être leur vertu favorite. Nous promîmes tout ce qu’on voulut, car rien ne rend si facile sur les conditions d’une transaction, que de se sentir la corde au cou.

Ces préliminaires arrêtés, nos camarades furent transférés à bord du vaisseau, et répartis dans les entreponts avec l’équipage qu’ils venaient compléter ; tout se fit dans le plus grand ordre ; il ne s’éleva pas la moindre plainte ; on n’eut pas à réprimer le plus petit désordre. Il est juste de dire qu’on ne nous maltraitait pas comme à bord du brick, où notre ancien ami le maître d’équipage ne commandait que la corde à la main. D’un autre côté, donnant des leçons d’escrime aux gardes-marines, j’étais traité avec quelques égards ; on me fit même passer bombardier, avec vingt-huit florins de solde par mois. Deux mois s’écoulèrent ainsi sans que la présence continuelle des croiseurs anglais nous permît de quitter la rade. Je m’étais fait à ma nouvelle position : je ne songeais même nullement