Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/350

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son inimitié personnelle, depuis que j’avais trouvé mauvais qu’il nous donnât du suif pour du beurre, et de la merluche gâtée pour du poisson frais. Amené chez le commandant de place, je me déclarai hollandais ; la langue m’était assez familière pour soutenir cette version ; je demandai, au surplus, à être conduit sous escorte à mon bord, pour me procurer les papiers qui justifieraient de ma naturalité ; rien ne paraissait plus juste et plus naturel. Un sous-officier fut chargé de m’accompagner ; nous partîmes dans le canot qui m’avait amené à terre. Arrivés près du vaisseau, je fis monter le premier mon homme, avec lequel j’avais causé jusque-là fort amicalement ; quand je le vis accroché dans les haubans, je poussai tout à coup au large en criant aux canotiers de ramer vigoureusement, et qu’il y aurait pour boire. Nous fendions l’eau pendant que mon sous-officier, resté dans les haubans, se démenait au milieu de l’équipage, qui ne le comprenait pas, ou faisait semblant de ne pas le comprendre. Arrivé à terre, je courus me cacher dans une maison de connaissance, bien résolu de quitter le vaisseau, où il me devenait difficile de reparaître sans être arrêté. Ma fuite devant confirmer tous les