Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/413

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enfant, ça te fait donc plaisir ? aurais-tu l’espoir de toucher la récompense ? – Moi ? tu ne me connais guère ! – Bah ! bah ! repris-je, cinquante francs sont toujours bons à gagner, et je te jure bien que si l’un de ces gaillards-là tombait sous ma coupe… – Vous êtes un malheureux ! s’écria-t-elle, en faisant un geste pour me repousser : je ne suis qu’une pauvre fille, mais ce n’est pas Célestine qui mangera jamais de ce pain-là. » À ces mots, qu’elle prononça avec un accent de vérité qui ne me permettait pas de douter que l’épreuve ne fût suffisante, je n’hésitai plus, je lui confiai mon secret. Dès qu’elle eut appris que j’étais un forçat, je ne saurais exprimer combien elle parut s’intéresser à mon sort. « Mon Dieu ! disait-elle, ils sont si à plaindre, que je voudrais les sauver tous ; aussi, j’en ai déjà sauvé plusieurs. » Puis après s’être interrompue un instant comme pour réfléchir : « Laisse-moi faire, me dit-elle ; j’ai mon amant qui a une carte verte, j’irai demain la lui emprunter, tu t’en serviras, et une fois hors de la ville, tu la déposeras sous une pierre que je t’indiquerai ; en attendant, comme nous ne sommes pas en lieu sûr, je vais t’emmener dans ma chambre. » Lorsque