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Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/412

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de mon évasion. Dans ce moment, un frisson me parcourt de la tête aux pieds ; déjà je me vois au pouvoir des argousins et de toute la milice du bagne ; il me semble comparaître devant ce brave commissaire que j’ai si indignement trompé : si je suis repris, je suis perdu. Livré à ces tristes réflexions, je m’éloigne en toute hâte, et afin de rencontrer moins de monde, je me dirige vers les remparts.

Parvenu dans un endroit isolé, je marchais assez lentement, comme un homme qui, ne sachant pas où porter ses pas, tient conseil avec lui-même, quand une femme m’accoste et me demande en provençal l’heure qu’il est ; je lui réponds que je l’ignore ; elle se met alors à jaser de la pluie et du beau temps, et finit par me proposer de l’accompagner : c’est à quatre pas d’ici, ajouta-t-elle, personne ne nous verra. L’occasion pour trouver un refuge était trop belle pour la laisser échapper : je suis ma conductrice dans une espèce de galetas où je fais venir quelques rafraîchissements. Pendant que nous sommes à causer, trois autres coups de canon se font entendre. « Ah ! s’écria cette fille d’un air de satisfaction, voilà le deuxième qui s’échappe aujourd’hui. – Eh quoi ! lui dis-je, la belle