Page:Vidocq - Mémoires - Tome 1.djvu/91

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écoute-moi plutôt, et ne me fais pas répéter le commandement… Tu dois connaître quelque noble de ton pays, de ton âge… Tu es ce noble-là, tes parents ont émigré ; ils sont maintenant à Hambourg. Toi, tu es rentré en France pour faire racheter par un tiers la maison paternelle, afin de pouvoir enlever à loisir la vaisselle plate et mille doubles louis cachés sous le parquet du salon. Au commencement de la terreur, la présence de quelques importuns, la précipitation du départ, qu’un mandat d’amener lancé contre ton père ne permettait pas de retarder d’un instant, vous ont empêché de reprendre ce dépôt. Arrivé dans le pays, déguisé en compagnon tanneur, tu as été dénoncé par l’homme même qui devait te seconder dans ton entreprise, décrété d’accusation, poursuivi par les autorités républicaines, et tu étais à la veille de porter ta tête sur l’échafaud, quand je t’ai retrouvé sur une grande route, demi-mort d’inquiétude et de besoin. Ancien ami de ta famille, je t’ai fait obtenir un brevet d’officier de hussards, sous le nom de Rousseau, en attendant que l’occasion se présente d’aller rejoindre tes nobles parents à Hambourg… La baronne sait déjà