Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/108

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appétit. Dufailli voulait que rien ne nous manquât. et M. Boutrois, certain d’être bien payé, était de son avis. Thérèse et sa sœur dévoraient tout des yeux ; pour moi, je n’étais pas non plus en trop mauvaise disposition.

Pendant que je découpais la volaille, Dufailli dégustait le bordeaux. Délicieux ! délicieux ! répétait-il, en le savourant en gourmet ; puis il se mit à boire à grands verres, et à peine avions nous commencé à manger, qu’un sommeil invincible le cloua dans son fauteuil, où il ronfla jusqu’au dessert comme un bienheureux. Alors il se réveille : « Diable, dit-il, il vente grand frais ; où suis-je donc ? Est-ce qu’il gèlerait par hasard ? Je suis tout je ne sais comment ! – Oh ! il a plus de la moitié de son pain de cuit, s’écria Pauline, qui me tenait tête, ni plus ni moins qu’un sapeur de la garde. – Il est mort dans le dos, le papa, dit à son tour Thérèse en ouvrant une espèce de bonbonnière d’écaille, dans laquelle était du tabac ; une prise, mon ancien, ça vous éclaircira la vue. Dufailli accepta la prise ; et si je mentionne cette circonstance, très peu importante en elle-même, c’est que j’oubliais de dire que la sœur de Pauline avait déjà dépassé la