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Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/135

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bientôt fini d’écorner les pays ? dit Paulet à son lieutenant, qu’aucun des corsaires n’avait interrompu. – Capitaine, reprit celui-ci, j’ai fait ma motion ; personne ne dit mot, personne ne veut pleurer ; au revoir, je vais pleurer tout seul.

Fleuriot sortit aussitôt ; alors le capitaine commença de nous faire son éloge : – C’est un cerveau brûlé, dit-il, mais pour la bravoure, il n’y a pas son pareil sous la calotte des cieux. Puis il poursuivit en nous racontant comment il devait à la témérité de Fleuriot la riche capture qu’il venait de faire. Le récit était animé et piquant, malgré les cuirs dont l’assaisonnait Paulet, qui avait une habitude bien bizarre, celle de fausser la liaison en prodiguant le t toutes les fois qu’il était avec ses compagnons de bord, et l’s lorsque, dans les relations civiles, ou dans les jours de fête, il se croyait obligé à plus d’urbanité : ce fut avec force t qu’il fit la description presque burlesque d’un combat dans lequel, suivant sa coutume, il avait avec la barre du cabestan assommé une douzaine d’Anglais.

La soirée s’avançait ; Paulet, qui n’avait pas encore revu sa femme et ses enfants, allait se retirer, lorsque revint Fleuriot ; il n’était