Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/199

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de quoi arracher l’âme, mais ils ne l’ont pas moins achevé à bout portant ; c’est-il ça, une destinée !

Quoique la nouvelle que me donnait le mareyeur m’affligeât, je ne pus pas m’empêcher de penser que la mort de Christiern faisait diversion à mon évasion, et comme rien de ce qu’il me disait ne m’indiquait qu’on se fût aperçu que je manquais à l’appel, j’en conçus une très grande sécurité. J’arrivai à Béthune sans accident ; je voulus aller y loger chez une ancienne connaissance de régiment. Je fus fort bien accueilli, mais, quelque prudent que l’on soit, il y a toujours des imprévisions. J’aurais dû préférer l’auberge à l’hospitalité d’un ami : j’étais venu me brûler à la chandelle, car l’ami s’était marié récemment, et le frère de sa femme était du nombre de ces réfractaires dont le cœur, insensible à la gloire, ne palpitait que pour la paix. Il s’ensuivait tout naturellement que le domicile que j’avais choisi, et même celui de tous les parents du jeune homme, était fréquemment visité par messieurs les gendarmes. Ces derniers envahirent la demeure de mon ami longtemps avant le jour, sans respecter mon sommeil, ils me sommèrent d’exhiber mes