Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/200

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papiers. À défaut de passeport que je pusse leur montrer, j’essayai de leur donner quelques explications ; c’était peine perdue. Le brigadier, qui depuis un instant me considérait avec une attention toute particulière, s’écria tout à coup : – Je ne me trompe pas, c’est bien lui, j’ai vu ce drôle à Arras : c’est Vidocq ! Il fallut me lever, et un quart d’heure après j’étais installé dans la prison de Béthune.

Peut-être qu’avant d’aller plus loin le lecteur ne sera pas fâché d’apprendre ce que devinrent les camarades de captivité que j’avais laissés à Boulogne ; je puis dès à présent satisfaire leur curiosité, du moins à l’égard de quelques-uns. On a vu que Christiern avait été fusillé ; c’était un excellent sujet. Lelièvre, qui était également un brave homme, continua d’espérer et de craindre jusqu’en 1811, que le typhus mit un terme à cette alternative. Les quatre matelots de la garde étaient des assassins : par une belle nuit ils furent mis en liberté, et envoyés en Prusse, où deux d’entre eux reçurent la croix d’honneur sous les murs de Dantzick ; quant au sorcier, il fut aussi relaxé sans jugement. En 1814, il se nommait Collinet, et était devenu quartier-maître d’un régiment westphalien,