Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/203

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moyens honnêtes d’existence ? Oh ! je suis moins coupable que malheureux ! Ayez pitié de moi, ayez pitié de ma pauvre mère ; s’il faut que je retourne au bagne, elle en mourra !

Ces paroles et l’accent de vérité avec lequel je les prononçai, firent quelque impression sur M. Rauson : il revint le soir, me questionna longuement sur la manière dont j’avais vécu depuis ma sortie de Toulon, et comme, à l’appui de ce que je disais, je lui offrais des preuves irrécusables, il commença à me témoigner quelque bienveillance. – Que ne formez-vous, me dit-il, une demande en grâce, ou tout au moins en commutation de peine ? Je vous recommanderai au grand juge. Je remerciai le magistrat de ce qu’il voulait bien faire pour moi ; et, le même jour, un avocat de Douai, M. Thomas, qui me portait un véritable intérêt, vint me faire signer une supplique qu’il avait eu la bonté de rédiger.

J’étais dans l’attente de la réponse, lorsqu’un matin on me fit appeler au greffe : je croyais que c’était la décision du ministre qu’on allait me transmettre. Impatient de la connaître, je suivis le porte-clefs avec la prestesse d’un homme qui