Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/224

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Il n’y avait plus de passeport, quelque bon qu’il fût, qui pût me mettre à l’abri dans les cantons que je parcourais d’ordinaire ; et dans ceux où l’on ne m’avait jamais vu, il était vraisemblable que mon apparition insolite éveillerait des soupçons. La conjoncture devenait terriblement critique. Quel parti prendre ? c’était là mon unique préoccupation, lorsque le hasard me procura la connaissance d’un marchand tailleur de la cour Saint-Martin : il désirait vendre son fonds. J’en traitai avec lui, persuadé que je ne serais nulle part plus en sûreté qu’au cœur d’une capitale, où il est si aisé de se perdre dans la foule. En effet, il s’écoula près de huit mois sans que rien vînt troubler la tranquillité dont nous jouissions, ma mère, Annette et moi. Mon établissement prospérait : chaque jour il prenait de l’accroissement. Je ne me bornais plus, comme mon prédécesseur, à la confection des habits ; je faisais aussi le commerce des draps, et j’étais peut-être sur le chemin de la fortune, quand tout à coup, un matin, mes tribulations recommencèrent.

J’étais dans mon magasin ; un commissionnaire se présente et me dit que l’on m’attend chez un traiteur de la rue Aumaire ; je présume