Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/254

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La famille Fossé, comme la plupart des ouvriers de Paris, était dans l’usage d’aller souper chez un marchand de vin du voisinage, où elle portait ses provisions ; il fut convenu que j’attendrais ce moment pour sortir avec elle. Jusqu’à la nuit, j’avais le temps de prendre mes mesures : je m’occupai d’abord à faire parvenir de mes nouvelles à Annette : ce fut Fossé qui organisa le message. Il eût été de la dernière imprudence qu’il se mît en communication directe avec elle. Voici ce qu’il fit : il se rendit dans la rue de Grammont, où il acheta un pâté, dans lequel il glissa le billet qu’on va lire :

« Je suis en sûreté. Tiens-toi sur tes gardes : ne te fie à personne. Ne te laisse pas prendre à des promesses qu’on n’a ni l’intention ni le pouvoir de tenir. Renferme-toi dans ces quatre mots, je ne sais pas. Fais la bête, c’est le meilleur moyen de me prouver que tu as de l’esprit. Je ne peux pas te donner de rendez-vous, mais quand tu sortiras, prends toujours la rue Saint-Martin et les boulevards. Surtout ne te retourne pas, je réponds de tout. »

Le pâté confié à un commissionnaire de la place Vendôme, et adressé à madame Vidocq, tomba, ainsi que je l’avais prévu, dans les mains