Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/263

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bien extraordinaire pour cette époque où la vigilante administration n’était pas trop zélée toutes les fois qu’il ne s’agissait pas d’arrestations politiques. Effrayé d’un semblable appareil d’investigations, tout autre que moi aurait jugé prudent de s’éloigner de Paris sans délai, au moins pour quelque temps. Il eût été convenable de laisser passer l’orage ; mais je ne pouvais me décider à abandonner Annette au milieu des tribulations que lui causait son attachement pour moi. Dans cette occasion, elle eut beaucoup à souffrir ; enfermée au dépôt de la préfecture, elle y resta vingt-cinq jours au secret, d’où on ne la tirait que pour lui faire la menace de la faire pourrir à Saint-Lazare, si elle s’obstinait à ne pas vouloir indiquer le lieu de ma retraite. Le poignard sur le sein, Annette n’aurait pas parlé. Qu’on juge si j’étais chagrin de la savoir dans une si déplorable situation ; je ne pouvais pas la délivrer : dès qu’il dépendit de moi, je m’empressai de la secourir. Un ami à qui j’avais prêté quelques centaines de francs, me les ayant rendus, je lui fis tenir une partie de cette somme ; et, plein de l’espoir que sa détention finirait bientôt, puisque après tout on n’avait à lui reprocher que d’avoir vécu avec un