Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/31

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indiscrète, et la police, qui ne savait trop ce que j’étais devenu, acquit encore une fois la certitude que j’habitais Arras.

Un soir que, sans défiance et seulement armé d’un bâton, je revenais de la rue d’Amiens, en traversant le pont situé au bout de la rue des Goguets, je fus assailli par sept à huit individus. C’étaient des sergents de ville déguisés ; ils me saisirent par mes vêtements ; et déjà ils se croyaient assurés de leur capture, lorsque, me débarrassant par une vigoureuse secousse, je franchis le parapet et me jetai dans la rivière. On était en décembre ; les eaux étaient hautes, le courant très rapide ; aucun des sergents n’eut la fantaisie de me suivre ; ils supposaient d’ailleurs qu’en allant m’attendre sur le bord, je ne leur échapperais pas ; mais un égout que je remontai me fournit l’occasion de déconcerter leur prévoyance, et ils m’attendaient encore, que déjà j’étais installé dans la maison de ma mère.

Chaque jour je courais de nouveaux dangers, et chaque jour la nécessité la plus pressante me suggérait de nouveaux expédients de salut. Cependant, à la longue, suivant ma coutume, je me lassai d’une liberté que le besoin de me cacher rendait illusoire. Des religieuses de la