Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/30

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Et puis ce n’est pas tout, est-ce qu’il ne se change pas à volonté en botte de foin.

— « En botte de foin ? m’écriai-je, tout surpris de la nouvelle faculté qu’on m’accordait.. en botte de foin ? .. mais comment ? »

— « Oui, monsieur… Mon père le poursuivait un jour ; au moment de lui mettre la main sur le collet, il ne saisit qu’une botte de foin… Il n’y a pas à dire, toute la brigade a vu la botte de foin, qui a été brûlée dans la cour du quartier. »

Je ne revenais pas de cette histoire. On m’expliqua depuis que les agents de l’autorité, ne pouvant venir à bout de se saisir de moi, l’avaient répandue et accréditée en désespoir de cause, parmi les superstitieux Artésiens. C’est par le même motif, qu’ils insinuaient obligeamment que j’étais la doublure de certain loup-garou, dont les apparitions très problématiques glaçaient d’effroi les fortes têtes du pays. Heureusement ces terreurs n’étaient pas partagées par quelques jolies femmes à qui j’inspirais de l’intérêt, et si le démon de la jalousie ne se fût tout-à-coup emparé de l’une d’entre elles, les autorités ne se seraient peut-être pas de longtemps occupées de moi. Dans son dépit, elle fut