Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/312

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pleine et entière confiance, mais encore ils m’affectionnaient ; aussi m’instruisaient-ils de leurs projets, et s’ils ne me proposaient pas de m’y associer, c’est qu’ils craignaient de me compromettre, attendu ma position de forçat évadé. Tous n’avaient pourtant pas cette délicatesse, on va le voir.

Il y avait quelques mois que je me livrais à mes investigations secrètes, lorsque le hasard me fit rencontrer ce Saint-Germain dont les visites m’avaient consterné tant de fois. Il était avec un nommé Boudin, que j’avais vu restaurateur, rue des Prouvaires, et que je connaissais comme un hôte chez qui l’on va de temps à autre prendre sa réfection en payant. Boudin n’eut pas de peine à me remettre, il m’aborda même avec une espèce de familiarité, à laquelle j’affectais de ne pas répondre. – Vous ai-je donc fait quelque chose, me dit-il, pour que vous ayez l’air de ne pas vouloir me parler ? – Non ; mais j’ai appris que vous avez été mouchard. – Ce n’est que ça ? eh bien ! oui, je l’ai été, mouchard ; mais lorsque vous en saurez la raison, je suis sûr que vous ne m’en voudrez pas.

— Certainement, me dit Saint-Germain,