Aller au contenu

Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sa curiosité était inépuisable : pour la satisfaire, j’éludais ou je mentais, mais en cherchant toujours à lui faire concevoir que j’étais un confrère. Enfin il me dit, comme s’il m’avait deviné : – Ne battez plus, vous êtes un grinche. (Ne dissimulez plus, vous êtes un voleur.) Je parus ne pas comprendre ces paroles, il me les expliqua en français ; et ayant l’air de prendre la mouche, je lui répondis qu’il se trompait, que s’il prétendait me plaisanter de la sorte, je serais obligé de me retirer. Joubert se tut, et il ne fut plus question de rien jusqu’au lendemain dix heures, que Gueuvive vint nous réveiller.

Il fut convenu que nous irions déjeuner à la Glacière. Nous partîmes. Chemin faisant, Gueuvive me prit à part et me dit : – Écoute, je vois que tu es un bon garçon, je veux te rendre service ; ne sois pas si dissimulé, dis-moi qui tu es et d’où tu sors ! Quelques demi-confidences lui ayant donné à penser que je pourrais bien être un échappé du bagne de Toulon, il me recommanda d’être discret avec ses camarades : – Ce sont, ajouta-t-il, les meilleurs enfants du monde, mais un peu bavards.