Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/392

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

je me fusse grimé de manière à faire illusion, la ressemblance, si parfaite dans la description, n’était pas à l’épreuve d’un examen approfondi, et surtout des souvenirs de l’intimité. La mère Noël me donna donc un avertissement très utile, en me racontant qu’elle avait assez souvent la visite de la sœur de Marguerit. Dès lors je me promis bien que cette fille ne me verrait jamais en face, et, pour éviter de me trouver avec elle, toutes les fois que je devais venir, je me faisais précéder de mon prétendu beau-frère, qui lorsqu’elle n’y était pas, avait ordre de me le faire savoir, en appliquant du bout du doigt un pain à cacheter sur la vitre. À ce signal j’accourais, et mon aide de camp allait se mettre aux aguets dans les environs, afin de m’épargner toute surprise désagréable. Non loin de là étaient d’autres auxiliaires à qui j’avais remis la clef de la mère Noël, pour qu’ils fussent prêts à me secourir en cas de danger ; car, d’un instant à l’autre, il pouvait se faire que je tombasse à l’improviste au milieu des évadés, ou que les évadés m’ayant reconnu tombassent sur moi, et alors un coup de poing lancé dans un carreau de l’une des croisées, devait indiquer que j’avais besoin de renfort pour égaliser la partie.