Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/403

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revue des rideaux jaunes ; j’en inscrivis plus de cent cinquante sur mon carnet, j’espère qu’il y avait du choix. Maintenant, n’avais-je pas travaillé, comme on dit, pour le roi de Prusse ? ne se pouvait-il pas que les rideaux derrière lesquels se cachait Fossard, eussent été envoyés chez le dégraisseur, et remplacés par des rideaux blancs, verts ou rouges ? n’importe, si le hasard pouvait m’être contraire, il pouvait aussi m’être favorable. Je pris donc courage, et quoiqu’il soit pénible pour un sexagénaire de monter et de descendre cent cinquante escaliers, c’est-à-dire de passer et de repasser devant environ sept cent cinquante étages ; de dévider plus de trente mille marches, ou deux fois la hauteur du Chimboraçao, comme je me sentais bonnes jambes et longue haleine, j’entrepris cette tâche, soutenu par un espoir du même genre que celui qui faisait voguer les Argonautes à la conquête de la Toison d’or. C’était ma bossue que je cherchais : dans ces ascensions, sur combien de carrés n’ai-je pas fait sentinelle pendant des heures entières, dans la persuasion que mon heureuse étoile me la montrerait ? L’héroïque don Quichotte n’était pas plus ardent à la poursuite de Dulcinée ; je frappais chez toutes les