Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/426

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difficulté d’obtempérer à l’injonction ; cependant au bout de quelques minutes, les plus mutins se résignèrent, et l’on se mit en train d’évacuer. Alors je me postai au passage, et dès que je reconnaissais un ou plusieurs des individus que l’on cherchait, avec de la craie blanche je les marquais d’une croix sur le dos : c’était un signe pour les désigner aux gendarmes qui, les attendant à l’extérieur, les arrêtaient, et les attachaient au fur et à mesure qu’ils sortaient. On se saisit de la sorte de trente-deux de ces misérables, dont on forma un cordon qui fut conduit au plus prochain corps de garde, et de là à la préfecture de police.

La hardiesse de ce coup de main fit du bruit parmi le peuple qui fréquente les barrières ; en peu de temps il fut avéré pour tous les escrocs et autres méchants garnements, qu’il y avait par le monde un mouchard qui s’appelait Vidocq. Les plus crânes d’entre eux se promirent de me tuer à la première rencontre. Quelques-uns tentèrent l’aventure mais ils furent repoussés avec perte, et les échecs qu’ils éprouvèrent me firent une telle renommée de terreur, qu’à la longue elle rejaillit sur tout les individus de ma brigade : il n’y avait pas de criquet parmi eux qui ne passât pour un