Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/427

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Alcide : c’était au point qu’oubliant de qui il s’agissait je me sentais presque le frisson, lorsque des gens du peuple sans me connaître, s’entretenaient en ma présence, ou de mes agents ou de moi. Nous étions tous des colosses : le vieux de la montagne inspirait moins d’effroi, les séides n’étaient ni plus dévoués, ni plus terribles. Nous cassions bras et jambes ; rien ne nous résistait ; et nous étions partout. J’étais invulnérable ; d’autres prétendaient que j’étais cuirassé des pieds à la tête, ce qui revient au même quand on n’est pas réputé peureux.

La formation de la brigade suivit de fort près l’expédition de la Courtille. J’eus d’abord quatre agents, puis six, puis dix, puis douze. En 1817 je n’en avais pas davantage, et cependant avec cette poignée de monde, du 1er janvier au 31 décembre, j’effectuai sept cent soixante-douze arrestations et trente-neuf perquisitions ou saisies d’objets volés [1].

  1. Le tableau suivant, qui offre la récapitulation des arrestations pendant l’année 1817, montre l’importance des opérations de la brigade de sûreté :
    Assassins ou meurtriers … 15
    Voleurs avec attaques ou par violence … 5
    — avec effraction, escalade ou fausses clefs … 108
    — dans les maisons garnies … 12
    — à la détourne et au bonjour … 126
    — à la tire et filous … 73
    — à la gêne et au flouant … 17
    Receleurs nantis d’objets volés … 38
    Évadés des fers ou des prisons … 14
    Forçats libérés ayant rompu leur ban … 43
    Faussaires, escrocs, prévenus d’abus de confiance … 46
    Vagabonds, voleurs renvoyés de Paris … 229
    En vertu de mandats de Son Excellence … 46
    Perquisitions et saisies d’objets volés … 39
    Total … 811