Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/9

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couteau, qui pourtant n’était pas trop gras, je m’attristai par l’idée que j’allais être réduit à passer la nuit à la belle étoile, lorsqu’à une table, voisine de la mienne, j’entendis parler cet allemand corrompu, qui est usité dans quelques cantons des Pays-Bas, et que je comprenais parfaitement. Les interlocuteurs étaient un homme et une femme déjà sur le retour ; je les reconnus pour des Juifs. Instruit qu’à Lyon, comme dans beaucoup d’autres villes, les gens de cette caste tiennent des maisons garnies, où l’on admet volontiers les voyageurs en contrebande, je leur demandai s’ils ne pourraient pas m’indiquer une auberge. Je ne pouvais mieux m’adresser : le Juif et sa femme étaient des logeurs. Ils offrirent de devenir mes hôtes, et je les accompagnai chez eux, rue Thomassin. Six lits garnissaient le local dans lequel on m’installa ; aucun d’eux n’était occupé, et pourtant il était dix heures ; je crus que je n’aurais pas de camarades de chambrée, et je m’endormis dans cette persuasion.

À mon réveil, des mots d’une langue qui m’était familière, viennent jusqu’à moi.

« – Voilà six plombes et une mèche qui crossent, dit une voix qui ne m’était pas