Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/115

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milieu de témoignages matériels dont l’évidence l’accablait, la Tête-de-Mort fut enlevée à son commerce au moment où elle s’y attendait le moins.

Masson fut conduit au dépôt de la préfecture. Le lendemain, suivant un usage établi de temps immémorial, parmi les voleurs, lorsqu’un de leurs collaborateurs est enflacqué, je lui envoyai une miche ronde de quatre livres, un jambonneau, et un petit écu. On me rapporta qu’il avait été sensible ·à cette attention, mais il ne soupçonnait pas encore que celui qui lui faisait tenir le denier de la confraternité, était la cause de sa mésaventure. Ce fut seulement à la Force qu’il apprit, que Jean-Louis et Vidocq étaient le même individu : alors il imagina un singulier moyen de défense : il prétendit que j’étais l’auteur du vol dont il était accusé, et qu’ayant eu besoin de lui pour le transport des effets, j’étais allé le chercher ; mais ce conte longuement développé devant la cour, ne fit pas fortune, Masson eut beau se prévaloir de son innocence, il fut condamné à la réclusion.

Peu de temps après j’assistais au départ de la chaîne, Masson, qui ne m’avait pas vu depuis son arrestation, m’aperçoit à travers la grille.