Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/120

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prisse le parti de battre en retraite ; mais tout à coup je sens renaître mon courage. « Eh quoi ! me dis-je, tu n’as pas tremblé lorsque tu attaquais ces scélérats dans leurs repaires ; ils sont ici sous les verrous et leur voix t’effraie ! allons, dussions-nous périr, faisons tête à l’orage, et qu’ils ne puissent pas croire t’avoir intimidé ! »

Ce retour à une résolution plus conforme à l’opinion que je devais donner de moi, fut assez prompt pour ne pas laisser le temps de remarquer ma faiblesse : bientôt j’ai recouvré toute mon énergie ; ne redoutant plus rien, je promène fièrement mes regards sur toutes les croisées, je m’approche même de celles du rez-de-chaussée. À ce moment, les prisonniers éprouvent un nouvel accès de rage ; ce ne sont plus des hommes, ce sont des bêtes féroces qui rugissent ; c’est une agitation, un bruit, on eut dit que Bicêtre allait s’arracher de ses fondements et que les murs de ses cabanons allaient s’entr’ouvrir. Au milieu de ce brouhaha, je fais signe que je veux parler ; un morne silence succède à la tempête, on écoute : « Tas de canaille, m’écriai-je, que vous sert de brailler ? C’est quand je vous ai emballés qu’il