Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/130

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trajet fut heureux, nous arrivâmes sans encombre à la porte de la maison ; chacun de nous se déchausse pour faire moins de bruit en montant. Nous voici sur le palier du troisième : on nous attendait ; une porte s’ouvre doucement et nous entrons dans une vaste chambre faiblement éclairée, dont le locataire, que je reconnais, est un garçon de chantier qui avait déjà été repris de justice : bien qu’il ne me connaisse pas, ma présence paraît l’inquiéter, et pendant qu’il aide à cacher les paquets sous le lit, je crois remarquer qu’il adresse à voix basse une question, dont la réponse hautement articulée me dévoile la teneur.

» Richelot. C’est Jean-Louis, un bon enfant ; sois tranquille, il est franc.

» Le locataire. Tant mieux ! il y a aujourd’hui tant de railles et de cuisiniers, qu’il n’y plus de fiat du tout.

» Lapierre. Calme ! calme ! j’en réponds comme de moi, c’est un ami et un français.

» Le locataire. Puisque c’est comme ça, je m’en rapporte. Là-dessus, buvons la goutte. »

(Il monte sur un espèce de tabouret, et passant son bras sur la corniche d’une vieille armoire, il en ramène une vessie pleine). « La v’la l’enflée,