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EXPÉDITION D’ÉGYPTE.

Saint-Hilaire, en rappelant longtemps après ces événements[1], qu’il ne m’arrivait plus en pensée qu’un éclat de bombe pouvait instantanément précipiter dans l’abîme moi et mes documents. »

C’est que jamais non plus il n’avait possédé de plus précieux matériaux. Il demandait depuis longtemps aux pêcheurs les deux Poissons électriques que nourrissent les eaux de l’Égypte. Par un hasard singulier, à peu de jours de distance, un Malaptérure fut pêché dans le Nil, une Torpille dans la mer ; et les deux Tonnerres, nom significatif que les Arabes donnent à ces poissons, lui furent apportés vivants.

Quel sujet d’études pour l’élève de Brisson et d’Haüy, pour un naturaliste entraîné par l’invincible penchant de son esprit vers les questions les plus générales et les plus ardues de la science ! Lui-même a ainsi exprimé[2] les impressions qu’il ressentit :

« Ce fut assez pour me distraire de tout le brouhaha du siége, pour m’engager à subordonner à l’examen de mes questions de philosophie naturelle tous les événements militaires, et le jet des bombes, et les incendies locaux, et les surprises des assiégeants, et les cris plaintifs des victimes succombant dans la lutte. Malgré ce qu’avait

  1. Études progressives, p. 151.
  2. Ibid., p. 149 et suiv.